Marrakech : nouvelle vitrine de l’art contemporain

État des lieux de l’art contemporain au Maroc

Depuis des siècles, Marrakech attire les artistes qui y viennent puiser l’inspiration et s’y détendre. Mais ces vingt dernières années, la quatrième ville du Maroc est devenue plus qu'un lieu de passage pour les personnes influentes du monde de l’art contemporain. L'ancienne cité impériale a prouvé qu'elle avait beaucoup de cartes à jouer en tant que hub culturel, tant grâce à son dynamisme économique et créatif que par sa situation idéale aux portes du continent africain.

En 2010, Hicham Daoudi, directeur de la compagnie marocaine des objets et œuvres d'art, a créé la Marrakech Art Fair. La foire rassemblait des marchands d’art internationaux à la conquête d'un nouveau marché. Malheureusement, l’événement n’a pas rencontré le succès escompté. En effet, les Marocains n’étaient pas assez réceptifs à cette forme d’art. En cause : des artistes locaux trop peu représentés et des taxes d’importation exorbitantes concernant les œuvres étrangères.

De nouvelles initiatives

Aujourd'hui, les mentalités ont évolué, tout comme la place accordée à l’art contemporain au Maroc. De riches entrepreneurs se passionnent pour le sujet. Le magnat de l'immobilier Mohamed Alami Lazraq a donné l'exemple en créant le Musée d’Art Contemporain Africain Al Madeen (MACAAL), avant que Mohamed Bouzoubaa ne lance la Fondation TGCC pour l'art et la culture à Casablanca.

Depuis 2011, la maison de ventes aux enchères Artcurial organise aussi des expositions avant vente, à l'image de « Moroccan Spirit », qui visait à célébrer 140 ans de créations au Maroc. Mais la principale initiative a vu le jour en février 2018 sous l'impulsion de Touria El Glaoui. L'entrepreneuse lance alors la version marocaine de la 1-54, une foire d’art contemporain qui se tenait déjà à Londres et à New-York. Sa spécialité ? L'art africain, 54 faisant référence aux 54 pays du continent.

Un retentissement international

La foire 1-54 se tient tous les ans au mois de février. Une saison idéale : les hôtels de Marrakech affichent complets car les touristes affluent en masse. Et avec eux les potentiels acheteurs. « Hormis les collectionneurs classiques marocains, la ville est pleine à cette période de l’année d'amateurs francophones », indique la fondatrice de l'événement. Cosmopolite, la ville compte aussi beaucoup d’expatriés, notamment des Français enclins à la dépense.

Lancer un grand événement artistique international en 2018 ne fait plus autant douter que par le passé. Si Marrakech attire investisseurs étrangers et collectionneurs, la tradition francophone du Maroc permet aussi de nourrir plus facilement les échanges. Sans compter que son art de vivre séduit en masse les amateurs du Moyen-Orient et des Émirats. Un combo gagnant !

Des partenariats avec des institutions de l'art contemporain au Maroc

La première édition de la foire 1-54, organisée en 2018, a rencontré un franc succès. 4 000 visiteurs sur deux jours d’exposition, 17 galeries d’art africaines représentées, plus de 50 artistes internationaux... Les organisateurs ont fait les choses en grand en s’appuyant sur le réseau des amoureux de l’art déjà présents.

Des partenariats ont ainsi été mis en place avec les endroits artistiques clés de la ville : MACAAL, musée Yves Saint-Laurent, villa Majorelle... Sans oublier la Fondation Montresso, qui occupe depuis 2007 le célèbre Jardin Rouge, et l’incontournable Comptoir des Mines, la galerie d’art contemporain la plus connue de la ville. Vous l'aurez compris, Marrakech a fait son entrée dans la cour des grands. Aucun doute que sa destinée soit dorénavant associée à celle de l’art contemporain.